Hello tout le monde,
Vous avez peut-être déjà appris qu’un squat avait ouvert en ce début de semaine au parc Gruber de Koenigshoffen à Strasbourg, face à l’urgence climatique et sociale. Grâce au dévouement de dizaines de personnes, environ 35 personnes de la rue y sont déjà logées en cette période extrêmement difficile. Des familles tchétchennes, des hommes du campement du glacis, un couple de junkies… bref, ça fait un sacré monde là-dedans, dans ce palace gigantesque avec air climatisé dans certaines chambres pour les personnes vulnérables. Il y a même un ascenseur pour PMR dans le hall d’entrée, il manque juste une clé (ça peut se régler facilement).
Pour le moment, c’est encore fort rudimentaire. Il manque plein de choses mais au moins, le risque d’expulsion semble remis à quelques semaines au moins. Quant à l’équipe… c’est assez ambigu, car d’un côté, beaucoup de monde continue à se bouger en parallèle tout en redirigeant maintenant certains efforts et affaires vers l’hôtel. C’était le but : partager ce squat commun en y pratiquant autant d’activités que nous le pouvons. Des personnes de toutes les couleurs, de tous les genres, des classes populaires et de plusieurs bords politiques, viennent soutenir, défendre et habiter le lieu.
D’un autre côté, le temps de présence sur place et de parole est hélas trop souvent dominé par une majorité d’hommes plus ou moins cis, valides ou blancs. [J’en fais partie sur place, quoi qu’on commence à m’appeler Ada, mais ma tendance bigenre sympathique m’y reflète souvent en tant que Jérémie.] Pour autant, l’équilibre dans l’équipe varie facilement selon les personnes présentes et il serait important qu’il y aie notamment plus de femmes, dans la diversité des personnes engagéEs, pour toutes les compétences et disponibilités nécessaires à tenir la baraque.
Il y a besoin de tout et il y a du boulot jour et nuit dans le bâtiment et même à l’extérieur : de l’accueil, de la coordination, des activités, de la communication, de l’informatique, de l’intendance, de la rédaction, des courses à faire, des services à installer, des petits travaux, de la cuisine, du droit, etc. Le tout, gratuitement, au travers d’un genre de kaléidoscope culturel, psychologique et social hallucinant. Et avec les habitantEs eLLEux-mêmes pour autogérer le lieu grâce au temps rendu disponible par l’hébergement.
Même la Mairie se retrouve bien paumée par la situation tant celle-ci paraît légitime vis-à-vis de la conjoncture globale, malgré la politique anti-squat que l’on connaît ici et qui a été rappelée par une plainte (erronée), communiquée le 24 juin : « merde, y a des ultra-citoyenNEs qui pratiquent un peu trop radicalement nos démarches administratrices et théoriques en occupant la future « maison de services » du quartier ! Effraction ! SQUAT ! POLICE ! POOOOOLICE ! ». Pendant ce temps, des rencontres magnifiques se font et les habitantEs sont joyeux, s’emparent de la maison, se parlent. On espère que cela durera le plus longtemps possible. Jusqu’au printemps prochain ? Plus encore ?
Un important rappel d’évidence, mais nécessaire quand même : l’Hôtel de la Rue ne pourra jamais aider toutes les personnes qui en ont besoin. Il restera toujours des gens, des familles en détresse absolue, tant que nous ne nous saisirons pas massivement de cet enjeu, qui concerne toujours plus de gens avec le temps passant. Autant prendre le pli dès maintenant, non ? Ce ne sont pas les bâtiments vides qui manquent et nous le prouvons car nous avons déjà besoin de renforts dans un seul…
Il faut dire : c’est l’été, presque personne, sauf les salariéEs et les fauchéEs, n’est là, il fait TRÈS chaud et un clash a plombé l’ambiance entre 2 collectifs avant même l’ouverture. Mais à la rentrée, nous espérons être si nombreu.ses.x que s’ouvriront même d’autres squats pour accueillir et partager des choses avec un maximum de personnes. Si la ville est l’usine du XXIè siècle, occupons-la !