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Description courte
Fin 2025, ce qui n’était qu’une niche pour passionnés de cybersécurité s’est transformé en affaire d’État. Accusé de faciliter le crime organisé par les autorités françaises, le projet GrapheneOS riposte en retirant ses infrastructures du territoire. Plongée au cœur d’une polémique où fantasmes techniques et volonté de surveillance s’affrontent violemment.
Extraits choisis
Mais pour l’opinion publique, le mal est fait : utiliser un téléphone sécurisé devient synonyme d’avoir quelque chose de grave à cacher. La tension est montée d’un cran avec les déclarations de Johanna Brousse, cheffe de la section J3 du parquet de Paris, connue pour être à l’origine de l’enquête qui a conduit au mandat d’arrêt visant Pavel Durov (Telegram). En laissant entendre que les éditeurs de logiciels refusant de « coopérer » (comprendre : donner les clés de chiffrement) pourraient être poursuivis, la France a franchi une ligne rouge pour GrapheneOS. Pour GrapheneOS, l’exigence est techniquement impossible sans créer une porte dérobée (backdoor), ce qui détruirait la sécurité du produit.
Piqué au vif, le projet considère que « la France est un pays de plus en plus autoritaire » et que le pays est « au bord d’une aggravation de la situation ». GrapheneOS ajoute : « Ils sont déjà de très fervents partisans de la régulation de la messagerie de l’UE (EU Chat Control). Leurs forces de l’ordre, aux tendances fascistes, sont clairement en avance sur leur temps, propageant des allégations mensongères et scandaleuses concernant les projets de protection de la vie privée en ligne. Rien de tout cela n’est fondé. »
Sur les réseaux sociaux, le projet a également rappelé que l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), le gendarme de la cybersécurité française, était un utilisateur actif de GrapheneOS.
L’ironie est mordante. D’un côté, le Ministère de l’Intérieur et le Parquet de Paris (via la vice-procureure Johanna Brousse) menacent de poursuivre les développeurs pour « non-coopération ». De l’autre, les experts techniques de ce même État profitaient de ce code open-source pour sécuriser leurs propres infrastructures, allant même jusqu’à suggérer des améliorations de sécurité que GrapheneOS a intégrées.
Auteur⋅es
Thomas Estimbre
Date de publication
2025-11-25
Revendications liées
Liberté - Interdire la surveillance de masse